Le débat sur une éventuelle interdiction des réseaux sociaux pour les mineur·e·s, en particulier les moins de 16 ans, est au cœur de l’actualité. L’Association romande CIAO prend ici position sur cette thématique.
Depuis plusieurs mois, plusieurs postulats ont été déposés afin d’inciter le Conseil fédéral à réfléchir à une régulation des réseaux sociaux pour les plus jeunes. La RTS a annoncé récemment que le Conseil fédéral avait décidé d’entrer en matière. Si l’on peut saluer l’intérêt des politiques pour cette question, il est regrettable de constater que le débat se focalise essentiellement sur une possible interdiction. Une interdiction aux moins de 16 ans ne ferait en effet que reporter le problème à plus tard, tout en privant les jeunes d’un apprentissage essentiel du numérique et du développement d’un regard critique. De plus, interdire revient à supposer naïvement que la règle serait respectée, au risque de briser le dialogue entre parents et enfants lorsque ces dernier·ère·s sont confronté·e·s à des contenus inappropriés.
Le cœur du débat semble principalement porter sur l’impact des réseaux sociaux sur la santé mentale des jeunes et sur un potentiel risque d’addiction. D’une part, ce risque d’addiction n’est pas avéré, et de l’autre, l’histoire montre que les interdictions sont rarement efficaces pour lutter contre les addictions. Elles empêchent une véritable prévention et freinent la mise en place d’une prise en charge.
Une interdiction aux moins de 16 ans ne ferait en effet que reporter le problème à plus tard, tout en privant les jeunes d’un apprentissage essentiel du numérique et du développement d’un regard critique (…) [U]ne éducation au numérique permettrait de limiter les risques tout en maximisant les bénéfices.
Une réglementation des réseaux sociaux pourrait notamment se pencher sur l’exposition à la publicité ou aux contenus haineux. Il ne s’agit en effet pas de nier les effets négatifs des réseaux mentionnés par les politiques. Néanmoins, ces effets sur la santé mentale ne sont pas univoques : ils peuvent aussi être positifs, comme l’atteste la littérature scientifique. Les réseaux sociaux jouent un rôle central dans la vie quotidienne des adolescent·e·s, notamment en matière de socialisation. Par ailleurs, une éducation au numérique permettrait de limiter les risques tout en maximisant les bénéfices. Le renforcement des compétences psychosociales est une autre clé essentielle pour encadrer ces usages de manière constructive. Les travaux de Claire Balleys (UNIGE) permettent d’ailleurs de mieux comprendre l’importance du smartphone et des réseaux sociaux pour les jeunes.
L’Association romande CIAO plaide pour une approche éducative et préventive plutôt que restrictive, en privilégiant le développement des compétences psychosociales, numériques et algorithmiques utiles pour toute la vie!